raffinées, valent surtout par la masse. L’orchestration est lourde et forte : les cuivres y dominent, ajoutant leurs dorures crues aux couleurs opaques de l’édifice sonore. La pensée, au fond, est néo-classique, un peu molle et diffuse. La structure harmonique est composite ; le style de Bach, de Schubert, de Mendelssohn, s’y rencontrent avec celui de Wagner et de Bruckner ; par un goût marqué pour la forme du canon, elle rappelle même l’écriture de Franck : c’est un bric-à-brac opulent et criard. Le trait le plus caractéristique de ces symphonies est, en général, l’emploi des chœurs avec l’orchestre.
« Quand je conçois une grande peinture musicale (ein grosses musikalisches Gemälde), — dit Mahler, — il vient toujours un moment où le mot (das Wort) s’impose nécessairement à moi, comme support de mon idée musicale. »
De ce procédé, que Mahler a été bien inspiré d’enjprunter à Beethoven et à Liszt, et dont il est incroyable que la musique du xixe siècle ait si peu fait usage, il a tiré des effets saisissants, qui sont peut être autant poétiques que musicaux.
Dans sa Seconde Symphonie, en ut mineur, après les trois premières parties, purement instrumentales, s’élève une voix de contralto, qui chante des paroles d’un sentiment triste et naïf.
Der Mensch liegt in grösster Noth !
Der Mensch liegt in grösster Pein !
Je lieber möcht’ ich im Himmel sein[1] !
L’âme s’élance vers Dieu, avec un cri passionné : leh bin von Gott und will wieder zu Gott[2] !