pure du Christ, sans ornement extérieur, dans sa force vivante, et l’accord est merveilleux de la musique et de cette auguste parole, où résonne la conscience du monde. J’entendais dire une fois à Mme Cosima Wagner qu’il y avait dans certaines phrases de Parsifal, en particulier dans le chœur : Durch Mitleid wissend, une vertu proprement religieuse, la force d’une révélation. Je trouve cette ft)rce plus efficace, et cette vertu plus évangélique, dans les Béatitudes.
Contraste surprenant ! À ces fêtes musicales d’Allemagne, c’était un Français qui représentait, non seulement la musique sévère, nourrie de la moelle des classiques, mais l’esprit religieux, l’esprit évangélique ! Les rôles sont renversés. Les Allemands ont tant changé qu’ils ont peine à goûter aujourd’hui ce sérieux et cette foi. J’observais les auditeurs : ils écoutaient poliment, étonnés, ennuyés : qu’était-ce que ce Français, qui se mêlait d’avoir une âme profonde et pieuse ?
— Il n’y a point de doute, — disait Henri Lichtenberger, mon voisin de concert ; — nous commençons à représenter en Allemagne la musique ennuyeuse…
C’était jadis la musique allemande, qui avait ce privilège en France.
Aussi, pour faire passer l’austère grandeur des Béatitudes, les avait-on fait suivre immédiatement des Impressions d’Italie, de Gustave Charpentier. Il fallait voir la détente du public, dès le premier morceau. Enfin, c’était là de la musique française, comme l’entendent les Allemands ! Charpentier est, de tous nos musiciens vivants, le plus aimé, le seul vraiment aimé en Allemagne. Il a pour lui le grand public et les artistes. Dirai-je que le plaisir sincère que leur causent l’orchestration et la vio amusante de ses œuvres ne va pas sans un peu de dédain pour la frivolité française, — wälschen Tand ?
— Écoutez cela, — me disait Richard Strauss, au troisième morceau des Impressions d’Italie : — c’est de la