qui dirigea toutes les répétitions, qui eut toute la peine, et qui, au dernier moment, s’effaça devant les chefs d’orchestre étrangers, leur laissant tout l’honneur. Le professeur Münch, organiste à Saint-Guillaume, est un des hommes qui ont fait le plus pour la musique à Strasbourg, où il a formé des chœurs excellents (les « Chœurs de Saint-Guillaume »), et où il organise de grandes auditions de Bach, avec l’aide d’un autre Alsacien dont le nom est bien connu des historiens de la musique : Albert Schweitzer, directeur du séminaire Saint-Thomas (Thomasstift), pasteur, organiste, professeur à l’Université de Strasbourg, auteur d’intéressants ouvrages de philosophie et de théologie, et d’un livre maintenant fameux, sur Jean-Sébastien Bach, qui est doublement remarquable pour nous : d’abord, parce que cet ouvrage, publié à Leipzig, par un professeur à l’Université de Strasbourg, est écrit en français ; et ensuite, parce qu’il est le produit d’un mélange harmonieux de l’esprit français et de l’esprit allemand, qui renouvelle l’étude de Bach et de l’ancien art classique. Ce n’a pas été pour moi le moindre intérêt des fêtes musicales de Strasbourg que d’apprendre à connaître de telles personnalités, nées du sol d’Alsace, et qui représentent de la façon la plus noble la haute culture alsacienne, bénéficiant à la fois de tout ce qu’il y a de meilleur dans les deux civilisations.
M. Chevillard, seul, représentait les musiciens français. Et, certes, on ne pouvait mieux choisir, comme directeur d’orchestre ; mais l’Allemagne avait délégué ses deux plus grands compositeurs, Strauss et Mahler, qui venaient diriger eux-mêmes leurs dernières œuvres :