MUSIQUE FRANÇAISE
ET MUSIQUE ALLEMANDE
En mai 1905, eut lieu à Strasbourg le premier Musikfest d’Alsace-Lorraine. C’était là un grand fait artistique. Il s’agissait de mettre en présence l’une de l’autre, dans des « fêtes musicales », les deux civilisations qui, depuis des siècles, se heurtent sur le sol de l’Alsace, plutôt avec la pensée de se combattre que de se comprendre.
Le programme officiel des fêtes soulignait cette intention des organisateurs :
La musique accomplit la plus haute des missions : elle veut être un lien entre des nations, des races, des États, étrangers en tant de choses les uns aux autres ; elle veut unir ce qui est séparé, pacifier ce qui est ennemi… Nul pays ne convient mieux à cette tâche que l’Alsace-Lorraine, cette vieille rue des peuples où, de temps immémorial, s’échangent les biens matériels et moraux du Nord et du Sud, et surtout que Strasbourg, la ville bâtie par les Romains, restée jusqu’à nos jours un foyer de vie spirituelle. … Tous les grands courants intellectuels ont laissé leurs traces dans le peuple d’Alsace-Lorraine. Ainsi il a été prédestiné au rôle d’intermédiaire entre les temps et entre les peuples… L’Orient et l’Occident, le passé et le présent se rejoignent ici et se donnent la main. Il ne s’agit pas, dans de pareilles fêtes, de poursuivre la victoire de telle ou telle tendance esthétique. Il s’agit de rassembler