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DON LORENZO PEROSI


L’hiver qui pesait sur la pensée italienne finit. L’un après l’autre, les grands arbres endormis renaissent au soleil. Hier la poésie. Aujourd’hui la musique. Suave musique d’Italie, calme jusque dans les passions, sereine dans la tristesse, naïve dans la science, assistons-nous vraiment à son nouveau printemps ? Est-ce le premier flot d’un grand fleuve mélodique, où notre époque morose va se laver de ses deuils et de ses doutes ? À l’émotion que j’ai sentie en lisant les oratorios du jeune prêtre piémontais, il me semble entendre dans l’air la lointaine chanson des enfants grecs d’autrefois : « Elle est arrivée, elle est arrivée, l’hirondelle, amenant les belles saisons et les belles années. Ἔαρ ἤδη. » Et c’est avec une joyeuse espérance que je salue la venue de Don Lorenzo Perosi.

L’abbé Perosi, maître de chapelle de Saint-Marc de Venise et directeur de la Sixtine, a vingt-six ans[1]. De petite taille, d’apparence très juvénile, la tête un peu grosse pour le corps, sa physionomie ouverte et régulière

  1. Cet article fut écrit en mars 1899, à l’occasion de la venue à Paris de Lorenzo Perosi, pour diriger son oratorio de la Résurrection.