Depuis le milieu de 1899, le mal fit de grands progrès : c’était une paralysie générale. La parole fut atteinte, au commencement de 1900, puis tout le corps, en août 1901 ; et, depuis le début de 1902, il était abandonné par les médecins ; mais le cœur était intact, et le malheureux végéta encore un an. Il mourut, le 16 février 1903, d’une péripneumonie.
On lui fit des funérailles magnifiques. Il y avait là tous ceux qui n’avaient rien fait pour Hugo Wolf vivant L’État autrichien, la ville de Vienne, la ville natale Windischgratz, le Conservatoire qui avait exclu Wolf, la Gesellschaft der Musikfreunde, qui avait été si longtemps inhospitalière à ses œuvres, l’Opéra, qui lui avait été fermé, les chanteurs, qui l’avaient dédaigné, les critiques, qui l’avaient bafoué, — tous étaient représentés là. On chanta une de ses tristes mélodies : la Résignation, d’Eichendorff, et un choral de son vieil ami Bruckner, qui l’avait précédé de plusieurs années dans la tombe. Les amis fidèles, Faisst en tête, prirent soin de lui faire élever un monument dans le voisinage de Beethoven et de Schubert.
Telle fut cette vie, brisée à trente-sept ans, — car on ne peut compter cinq ans de pleine folie. — Il n’y a pas beaucoup d’exemples en art d’un sort aussi terrible. L’infortune de Nietzsche n’en approche point, car la folie de Nietzsche fut, dans une certaine mesure, productrice d’énergie : elle fit jaillir du génie des éclairs, qui n’en fussent jamais sortis dans un état d’équilibre et de santé parfaite. La folie de Wolf fut Tanéantissement. Au reste, on a pu voir combien, même dans l’espace de ces trente-sept ans, la vie lui fut avareraent mesurée. Cet homme, qui ne commença vraiment à