un désert, avec de l’eau, des sauterelles et du miel sauvage, mais dans une compagnie joyeuse, originale, parmi les tintements de guitares, les soupirs d’amour, les clairs de lune, etc., etc., bref, dans un opéra-comique, un opéracomique tout à fait ordinaire, sans le lugubre spectre libérateur d’un philosophe schopenhauérisant à rarrière-plan[1].
Après avoir demandé des poèmes d’opéra au monde entier, aux poètes anciens et modernes, à Shakespeare, à son ami Liliencron[2], après avoir tenté d’en écrire un lui-même, il finit par prendre celui que madame Rosa Mayreder tira d’une nouvelle espagnole de Don Pedro de Alarcon : ce fut le Corregidor, qui, après avoir été refusé par d’autres théâtres, fut joué, en juin 1896, à Mannheim. L’œuvre eut peu de succès, malgré ses qualités musicales : la faiblesse du livret avait contribué à l’échec.
L’essen, tiel était que le génie créateur fût revenu. En avril 1896, Wolf écrivit d’un trait les 22 Lieder du second volume de l’Italienisches Liederbuch. À Noël, son ami Müller lui envoya les poésies de Michel-Ange, traduites en allemand par Walter Robert-Tornow ; et Wolf, bouleversé d’émotion, projeta aussitôt de leur consacrer tout un volume de Lieder. En 1897, il composa les trois premières de ces mélodies. En même temps, il s’occupait d’un opéra nouveau : Manuel Venegas poème de Morilz Hœrnes, d’après Alarcon. Il semblait plein de force, de joie, de confiance dans sa vigueur ressuscitée. Müller lui parlant, en 1890. de la fin prématurée de Schubert, Wolf lui répondit : « On n’est pas enlevé avant d’avoir dit ce qu’on avait à dire ».
Il travaillait furieusement, « comme une machine à