décembre, elle se referme ; et, cette fois, pour cinq ans. Cependant ces mélodies italiennes ne sentent aucunement l’effort ; elles ne dénotent pas une tension d’esprit plus volontaire que les œuvres précédentes : au contraire, c’est peut-être l’œuvre la plus naturelle et la plus simple de Wolf. N’importe ! Quand le génie se tait en lui, Wolf n’est plus rien. Il voulait écrire trente-trois Lieder italiens : il doit s’arrêter après le vingt-deuxième, et publier le premier volume seul de l’Italienisches Liederbach, en 1891. Le second jaillira, en un mois, cinq ans plus tard, en 1896.
On peut imaginer les tortures que souffrait cet homme solitaire, qui ne vivait que dans la joie de créer, et qui voyait sa vie s’arrêter sans cause, pendant des années, son génie qui venait, qui partait, qui revenait pour un instant, qui repartait… pour combien de temps ? Reviendrait-il, cette fois ?
…Vous me demandez des nouvelles de mon opéra[1] ? Seigneur Dieul je serais déjà content si je pouvais écrire le plus petit Liedchen ! Et maintenant, un opéra ?… Je crois bien fermement que c’est fini de moi… Je pourrais aussi bien parler chinois que composer quelque chose. C’est effroyable !… Ce que je souffre de cette oisiveté, je ne puis le décrire. Je voudrais me pendre[2].
…Tu t’informes des causes de mon profond abattement, et tu voudrais verser du baume sur mes blessures… Oui, si tu pouvais quelque chose ! Mais, pour mes souffrances, aucune plante de cette terre ne peut rien. Seul, un dieu peut me secourir. Rends-moi des inspirations, réveille le démon qui sommeille en moi, qu’il me possède de nouveau, et je veux t’appeler un dieu et t’élever des autels ! Mais c’est là un appel aux dieux, non aux hommes. À ceux-là, qu’il appartienne de prononcer sur mon sort ! De quelque façon que cela puisse tourner pour moi, même si c’est le