sur vos compositions : j’ai maintenant beaucoup trop peu de temps, et je ne puis même pas écrire mes lettres. Je ne comprends rien à la musique[1].
Je demandai au maître de me dire si je pourrais arriver à quelque chose ; il me dit :
— Lorsque j’étais aussi jeune que vous, et que je composais, on ne pouvait pas dire si j’arriverais à grand’chose en musique. Vous pourriez tout au plus me jouer vos compositions au piano ; mais je n’ai pas le temps. Quand vous serez plus mûr, et quand vous aurez composé de plus grandes œuvres, si je reviens par hasard à Vienne, vous me montrerez ce que vous aurez fait. Mais maintenant, cela ne va pas, je ne puis rendre aucun jugement.
Comme je dis au maître que je prenais les classiques pour modèles, il me dit :
— Bon ! bon ! on ne peut pas tout de suite être original. Là-dessus, il rit. À la fin, il dit :
— Je vous souhaite, cher ami, beaucoup de bonheur dans votre carrière. Continuez avec application, et, si je reviens à Vienne, montrez-moi vos compositions.
Là-dessus, je me séparai du maître, profondément ému et saisi.
Ils ne se revirent plus. Wolf combattit sans relâche pour la cause wagnériènne. Il alla plusieurs fois à Bayreuth. Mais il n’eut aucune relation personnelle avec la famille Wagner, sauf avec Liszt, qui, avec son habituelle bonté, lui écrivit une aimable lettre, au sujet d’une œuvre que Wolf lui avait soumise, et lui indiqua quelques changements à faire.
Mottl et le compositeur Adalbert de Goldschmidt furent des premiers amis qui l’aidèrent, dans ses années de misère, à trouver quelques leçons. Il enseigna la musique à de petits enfants de sept ou huit ans. Il était mauvais pédagogue, et ces leçons lui étaient un martyre. Elles ne le nourrissaient guère : il mangeait une fois par jour, Dieu sait comment. Poui se récon-
- ↑ « Ich verstehe gar nichts von der Musik.