se plaisait à croire, plus tard, qu’il avait dans son hérédité quelques gouttes de sang latin ; et, toute sa vie, il garda une prédilection pour les grands musiciens français.
Sa période d’apprentissage ne fut pas brillante. Il ne fît que passer d’une école à l’autre, sans réussir à se faire garder nulle part. Il n’était pourtant pas un mauvais sujet ; il était renfermé en lui-même, comme il fut toute sa vie, avait peu d’intimité avec les autres, était passionné de musique. Son père, naturellement, ne voulait pas qu’il en fît. Il eut à soutenir la même lutte que Berlioz. Il réussit enfin à arracher à sa famille la permission d’aller à Vienne ; il y entra au Conservatoire, en 1875. Mais il n’y fut pas plus heureux. Au bout de deux ans, il fut renvoyé pour indiscipline.
Que faire ? Sa famille était ruinée. Un incendie avait anéanti le petit avoir des siens. Il sentait peser sur lui les reproches muets de son père, qui avait fait des sacrifices pour lui, et qu’il aimait tendrement. Revenir dans sa province, il ne le voulait pas, il ne le pouvait pas : c’eût été la mort. Il fallut que cet enfant de dix-sept ans trouvât moyen de gagner sa vie, tout en s’instruisant. Depuis son renvoi du Conservatoire, il ne fréquenta plus aucune école : il s’est donc formé lui-même. Il s’est formé merveilleusement. Mais à quel prix ! Les souffrances qu’il a endurées depuis cet âge jusqu’à trente ans, l’énergie colossale qu’il a dû dépenser pour vivre, et pour se faire le grand esprit poétique qu’il fut, — tous ces efforts et toutes ces peines ont été cause sans doute de sa misérable mort. Il avait une soif de connaître, une fureur de travail, qui lui faisait oublier le boire et le manger.
Passionné pour Gœthe, fanatique de Henri de Kleist, à qui il ressembla par certains traits de son génie et de son sort, enthousiaste de Grillparzer et de Hebbel, à une époque où l’on n’était guère juste pour eux, il fut