Héroïque et de l’Ode à la Joie ; et aussi, dans le dernier morceau, qui rappelle, de plus, certains Lieder de Beethoven. Mais le héros de Strauss est bien différent de celui de Beethoven ; les traits antiques et révolutionnaires se sont effacés ; et comme le monde extérieur, les ennemis du héros tiennent plus de place chez Strauss ! Le héros a bien plus de peine à se dégager et à vaincre. Il est vrai que son triomphe est plus forcené. Si le bon Oulibicheff prétendait reconnaître dans un accord dissonant de la première Héroïque l’incendie de Moscou, que trouverait-il donc ici ? Que de villes brûlées ! Que de champs de bataille ! Puis, il y a dans Heldenleben un mépris cinglant, un mauvais rire, qui n’est presque jamais chez Beethoven. Peu de bonté. C’est l’œuvre du dédain héroïque.
À considérer l’ensemble de cette musique, on est d’abord frappé par l’hétérogénéité apparente des styles. Le Nord et le Midi s’y mêlent ; on sent dans la mélodie l’attraction du soleil. Il y avait déjà quelque chose d’italien dans Tristan ; combien plus dans l’œuvre de ce Nietzschéen ! Constamment les phrases sont italiennes et les harmonies ultra-germaniques Ce n’est pas un des moindres attraits de cet art que de voir, parmi les tempêtes de polyphonie allemande, se déchirer le voile des nuées lourdes, des épaisses pensées, et paraître la ligne souriante des rivages italiens et des rondes qui se déroulent au bord. Ce ne sont pas seulement des analogies vagues. Il serait facile et oiseux de relever des réminiscences précises de France ou d’Italie, jusque dans les œuvres les plus avancées : dans Zarathustrâ, dans Heldenleben. Mendelssohn, Gounod, Wagner, Rossini, Mascagni s’y coudoient