même des ouvertures pour orchestre. Il se peut que cette extrême précocité artistique n’ait pas été sans influence sur le caractère fiévreux de son talent, qu’elle ait tendu ses nerfs à l’excès, donné à son esprit une surexcitation un peu morbide. Depuis lors, il n’a cessé de produire. Au gymnase, il composait des chœurs pour des tragédies de Sophocle. En 1881, Hermann Lévi fait exécuter à son orchestre une symphonie du jeune collégien. À l’Université, il passe son temps à écrire de la musique instrumentale. Bülow et Radecke le font jouer à Berlin, et Bülow, qui se prend d’affection pour lui, l’appelle, en 1885, à Meiningen comme Musikdirector, De 1886 à 1889, il passe, avec le même titre, au Hoftheater de Munich. De 1889 à 1894, il est Kapellmeister au Hoftheater de Weimar. Il revient à Munich en 1894, comme Hofkapellmeister, et y succède, en 1897, à Hermann Lévi. Enfin, il laisse Munich pour Berlin, où il dirige à présent l’orchestre de l’Opéra royal.
Deux faits sont particulièrement à retenir dans cette vie : l’influence d’un homme à qui il a témoigné une reconnaissance profonde : Alexandre Ritter ; et ses voyages dans le Midi. — C’est en 1885 qu’il fit la connaissance de Ritter. Ce musicien, inconnu en France, et mort depuis quelques années, était neveu de Wagner ; il a écrit deux opéras renommés : Fauler Hans, et Wem die Krone ? et il est le premier, d’après Strauss, qui ait introduit dans le Lied le système wagnérien. Il est souvent question de lui dans la correspondance de Bülow et de Liszt. « Avant de l’avoir vu, dit Strauss, j’avais été élevé dans une discipline strictement classique ; je m’étais nourri exclusivement de Haydn, Mozart et Beethoven, et je venais de passer par Mendelssohn, Chopin, Schuraann et Brahms. C’est à Ritter seul que je dois d’avoir compris Liszt et Wagner ; c’est lui qui m’a montré l’importance, dans l’histoire de l’art, des écrits et des œuvres de ces deux maîtres. C’est lui