RICHARD STRAUSS
L’auteur de Heldenleben n’est plus un inconnu pour les Parisiens. Chaque année, nous voyons reparaître, au pupitre de chef d’orchestre, chez Colonne ou chez Chevillard, sa silhouette haute et maigre, aux gestes saccadés et impérieux, sa figure pâle, un peu fiévreuse, les yeux singulièrement clairs, vagues et fixes à la fois, une bouche d’enfant, la moustache d’un blond presque blanc, des cheveux frisottants, formant une couronne au-dessus des tempes dégarnies, le front rond et gonflé.
Je voudrais esquisser ici l’étrange et dominatrice personnalité de celui que l’on considère en Allemagne comme l’héritier du génie de Wagner, — celui qui a eu la double audace de récrire, après Beethoven, une Symphonie Héroïque, et de s’en représenter comme le héros.
Richard Strauss a quarante-quatre ans. Il est né à Munich, le 11 juin 1864. Son père, virtuose renommé, était premier cor à l’orchestre royal. Sa mère était fille du brasseur Pschorr. Il fut élevé au milieu de la musique ; dès quatre ans, il jouait du piano, et, dès six, il composait de petites danses, des Lieder, des sonates, et