des biens : la liberté ; et nul n’en jouit plus que l’artiste. « Ce qui fait du nom d’artiste un titre sublime, c’est que l’artiste reste libre, complètement libre. Regardez autour de vous, et dites si, à ce point de vue, il est quelque carrière plus belle que celle de l’artiste conscient de sa mission ? L’armée ?… La magistrature ?… L’Université ? … La politique ?… » (Suivent des appréciations, plutôt sévères, sur ces diverses carrières.) « … Sans parler de l’administration et du fonctionnarisme à outrance, qui sont les plaies honteuses de notre pays. — Partout obéissance par définition, ou asservissement par état. — Mais quel est le gouvernement, quel est le pape, l’empereur, le président, qui pourrait imposer à l’artiste l’obligation de penser et d’écrire contre son gré ? La liberté, voilà le vrai bien, le plus précieux apanage de l’artiste. La liberté de penser, et aussi la liberté que personne au monde n’a le pouvoir de nous ôter, celle de construire notre œuvre selon notre conscience[1] ! »
Qui ne sent la beauté et la flamme communicative de ces fières paroles ? De quelle prise ne doit pas être sur des cœurs jeunes et ardents cette force d’enthousiasme et de sincérité ? « Il est deux qualités, dit M. d’Indy à la dernière page de son livre, que le maître doit s’efforcer de faire naître ou de développer dans l’âme de son élève, qualités sans lesquelles la science ne peut servir de rien : l’amour non égoïste de l’art, et l’enthousiasme pour les belles œuvres[2]. » Ces deux vertus rayonnent des écrits, comme de la personne de M. d’Indy : c’est par là qu’il est si fort. Le meilleur de ses enseignements, c’est sa vie. On ne dira jamais assez le désintéressement de cette vie, dévouée au bien de l’art. Quand ce ne serait pas trop de toutes ses forces pour la création de son œuvre personnel, M. d’Indy ne cesse de consacrer aux