pittoresques, à la symphonie descriptive, et, au besoin même, à l’ancien opéra.
Pour moi, je suis avec le sentiment et je trouve qu’il a raison contre la raison même. Je ne vois rien de plus personnel dans la musique de M. d’Indy que l’art du paysage musical. Telle page de Fervaal évoque les sommets de montagnes, couverts de forêts de pins, où traînent d’épais brouillards[1] ; — telle page de l’Étranger, les lueurs fantastiques qui s’allument sur la mer où couve la tempête[2]. Je souhaiterais de voir M. d’indy s’abandonner librement, en dépit des théories, à ce lyrisme descriptif où il excelle, ou du moins chercher une inspiration dans un de ces sujets où sa foi et son imagination seraient satisfaites, comme un des beaux épisodes de la Légende dorée ; et pourquoi pas celui-là même, dont l’Étranger rappelle le souvenir : le poétique voyage de la Madeleine en Provence ? — Mais il y a quelque sottise à souhaiter qu’un artiste fasse autre chose que ce qu’il fait : il en est le meilleur juge.
Je ne dois pas oublier, dans ce portrait rapide, une des faces les plus nobles de ce généreux talent : ses qualités d’éducateur musical. Tout destinait M. d’Indy à ce rôle. Par sa science, par l’ordre et la clarté de son intelligence, il devait être un parfait professeur de composition. Toutes ses règles pour penser et pour écrire sont d’une justesse irréprochable. Je renvoie à ses analyses d’une phrase mélodique, ou d’une période