pour l’expression dramatique, le coloris de rorcliestre, et la science du style. Mais là n’est pas son originalité principale ; ou, plutôt, son originalité artistique dérive d’une autre plus profonde. Quand un artiste a quelque valeur, ce n’est pas seulement dans son ouvrage, c’est dans son être qu’elle réside. Il faut donc essayer de pénétrer sa personnalité.
La personnalité de M. d’Indy n’est pas obscure. Elle est franche, elle se montre au grand jour tout entière, dans ses œuvres musicales, dans son action artistique, dans ses écrits. C’est bien à ses écrits que peut s’appliquer l’exception qu’il ajoute à sa règle sur la critique, en faveur du petit nombre d’hommes « dont il est intéressant de connaître les idées, même erronées ». Et il serait dommage, en effet, de ne pas connaître les idées de M. d’Indy, — « même si elles étaient erronées ». — Elles nous laissent entrevoir non seulement la pensée d’un artiste éminent, mais certains caractères fort surprenants de la pensée de notre époque. M. d’Indy étudie beaucoup l’histoire de son art ; mais le principal intérêt historique de ses jugements est peut-être moins encore dans ce qu’ils nous apprennent sur le passé, que dans ce qu’ils expriment à leur insu de l’âme présente.
M. d’Indy n’est pas un artiste étroitement renfermé dans les limites de son art. Son intelligence est ouverte, et richement cultivée. Le temps n’est plus de ces musiciens dont tout l’esprit était borné à leurs notes, et qui ne pensaient guère quand ils ne pensaient pas en musique. Ce n’est pas un des phénomènes les moins intéressants de la musique française d’aujourd’hui, que l’apparition de ces compositeurs instruits et réfléchis, créateurs conscients de ce qu’ils créent, et gardant dans l’inspiration un sens critique aiguisé, comme M. Saint-Saëns, M. Dukas, ou M. d’Indy. Nous avons de M. d’Indy de savantes éditions de Rameau, de Destouches, de Salomon de Rossi. Au milieu même