VINCENT D’INDY
« Je considère la critique comme absolument inutile, je dirai même comme nuisible… La critique est en général l’opinion d’un monsieur quelconque sur une œuvre. En quoi cette opinion pourrait-elle être de quelque utilité au développement de l’art ? Autant il peut être intéressant de connaître les idées, même erronées, de certains hommes de génie, ou même de grand talent, comme Gœthe, Schumann, Wagner, Sainte-Beuve, Michelet, lorsqu’ils veulent bien faire de la critique, autant il est indifférent de savoir que monsieur tel ou tel aime ou n’aime pas telle œuvre dramatique ou musicale[1]. »
Ainsi s’exprime M. Vincent d’Indy.
Après une telle déclaration, on conçoit qu’un critique éprouve quelque embarras à juger M. Vincent d’Indy. Je serais d’autant plus gêné pour le faire que, dans le même numéro de revue, le seul qui exprimât des opinions aussi radicales que celles de M. d’Indy était précisément l’auteur de ce livre. Il ne me reste qu’une ressource : c’est de m’autoriser de l’exemple de M. d’Indy lui-même. Car cet ennemi passionné de la critique est aussi un critique passionné.
Ce n’est d’ailleurs pas sur les qualités proprement musicales de M. d’Indy que je voudrais insister. On sait qu’il est un des maîtres musiciens de l’Europe actuelle,
- ↑ Revue d’Art dramatique, 5 février 1899.