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ment, qu’il n’accepte pas sa libération pour cause de maladie.)

Il ajoute que, « tandis qu’il a un profond discord avec le gouvernement, il aime individuellement les Anglais », et que si le peuple de l’Inde fait de l’agitation après sa libération, — « ce qu’il ne désire pas » — il prie que ce soit selon l’esprit de non-violence.

Sastri lui demanda alors s’il ne voudrait pas adresser un Message à son peuple. Gandhi devait le désirer d’autant plus que, depuis son incarcération, sa voix était étouffée. Après sa condamnation, il avait envoyé au président du Congrès national indien une lettre pour ses compatriotes ; mais la lettre fut interceptée par le gouvernement, qui voulut l’amender : ce que Gandhi refusa. Tout autre, à sa place, eût donc, à l’heure d’une opération qui pouvait être mortelle, saisi cette occasion de faire savoir à son peuple ses suprêmes volontés. Mais, avec cet admirable sens de l’honneur chevaleresque, qui est un des traits les plus frappants du Mahâtmâ, et qui semble aujourd’hui presque anachronique, Gandhi refusa. Il se considérait comme lié au silence.

Il répondit à Sastri qu’il était prisonnier du