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« Ils me rappelaient, dit Andrews, l’ombre de la Croix ». Les Anglais qui racontent la scène dans leurs journaux[1], s’étonnent, ne comprennent point, constatent à regret que l’absurde sacrifice est une victoire éclatante pour l’armée de la Non-coopération, et que le peuple de Punjab en est fasciné. Mais le généreux Andrews, dont le pur idéalisme a appris à déchiffrer l’âme de l’Inde, a vu là, comme Goethe à Valmy, le début d’une ère nouvelle : « un nouvel héroïsme, appris par la souffrance, s’est levé sur cette terre ; une nouvelle guerre de l’esprit… »

Le peuple semble avoir mieux gardé la pensée du Mahâtmâ que ceux qui avaient reçu la charge de le guider. On a vu l’opposition qui s’était manifestée, au Comité du Congrès de Delhi, vingt jours avant l’arrestation du Maître. Elle se renouvela, quand le Comité du Congrès se réunit de nouveau, à Lucknow, le 7 juin 1922. Un vif mécontentement régnait, à l’égard du programme de patiente construction et d’attente, imposé par Gandhi ; le désir s’affirma d’en venir

  1. Cf. Manchester Guardian Weekly, 13 octobre 1922.