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connaisse donc sa responsabilité ! Elle est tenue de retarder maintenant la Désobéissance civile et de faire d’abord œuvre constructive… Sinon, nous serons noyés dans des eaux dont nous ne soupçonnons pas les profondeurs… »

Et, se tournant vers la minorité, il lui disait :

« Vous ne voulez pas de la Non-violence ? Sortez du Congrès ! Formez un nouveau parti ! Énoncez publiquement votre Credo ! Et que le pays choisisse entre nous !… Mais pas d’équivoques ! Soyez francs !… »

Il y a une amère tristesse, mais virile, dans ces fortes paroles. C’était la nuit du Jardin des Oliviers. Gandhi allait être arrêté… Qui sait si, dans le fond de son cœur, il n’accueillit point l’événement comme une délivrance ?…

Il s’y attendait depuis longtemps. Dès le 10 novembre 1920, toutes ses mesures étaient prises. Il avait dicté ses instructions au peuple, pour le jour où il ne serait plus là (If I am arrested). Il y revint, dans un nouvel article du 9 mars 1922, quand le bruit de son arres-

    « donner des coups non-violents ! » Gandhi avait saisi l’équivoque dangereuse, que Tagore avait aperçue depuis longtemps. Et il en était suffoqué. Plus durement que Tagore, maintenant, il la dénonce et lui rompt en visière.