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rement fut tel que, sur l’heure, il arrêta, pour la seconde fois, le mouvement qu’il venait de décréter. La situation était beaucoup plus pénible, cette fois, qu’après l’émeute de Bombay. Il avait, quelques jours avant, envoyé son ultimatum au vice-roi. Comment le retirer sans ridicule ? L’orgueil, « Satan » comme il dit, le lui défendait. C’était une raison de plus pour qu’il s’y décidât.

Le 16 février 1922, paraît dans Young India un des plus extraordinaires documents de cette vie[1], son Mea Culpa, sa Confession publique. Du fond de sa mortification, la première parole qui s’élève est de jubilation, pour remercier Dieu de l’avoir humilié :

« Dieu a abondé pour moi en bienveillance. (God has been abundantly kind to me). Pour la troisième fois, il m’a averti que l’Inde ne possédait pas encore cette atmosphère de Non-violence et de Vérité qui peut, et qui peut seule, justifier la Désobéissance civile en masse, — la seule digne d’être appelée civile, c’est-à-dire douce, humble, sage, volontaire et pourtant aimante, jamais criminelle et haineuse. Il m’avertit, pour la première fois en 1919, quand commença l’agitation contre l’Acte Rowlatt. Ahme-

  1. The Crime of Chauri-Chaura.