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cette minorité persécutée des citoyens de l’univers, — cives totius orbis, — qu’il classe parmi les Sannyasins[1] « ceux qui ont dans leur âme réalisé l’Unité humaine… »

« Et nous, nous resterions seuls à nous contenter de réciter le chapelet de la Négation, de revenir sans cesse sur les fautes d’autrui, de poursuivre l’édification du Swarâj sur des fondations de haines !… Quand l’oiseau est ranimé par l’aube, tout son réveil n’est pas absorbé par la recherche de la nourriture. Ses ailes répondent inlassablement à l’appel des cieux. Son gosier verse des chants de joie à la lumière nouvelle. L’humanité nouvelle nous a envoyé son appel. Que notre esprit réponde en son propre langage !… Notre premier devoir, à l’aube, est de nous rappeler Celui qui est Un, qui est sans distinction de classes et de couleurs, et qui, par ses forces variées, pourvoit, comme il est nécessaire, aux besoins de chaque classe et de toutes les classes. Prions Celui qui donne la sagesse de nous unir tous, en une juste compréhension ! »[2]

Cette royale parole, une des plus hautes qu’un peuple ait entendues, ce poème ensoleillé domine toutes les mêlées humaines. Et la seule critique qu’on puisse en faire, c’est qu’il les domine trop. Il a raison, du

  1. C’est-à-dire, ceux qui en ont fini avec leur vie personnelle, afin d’apporter l’Unité à l’Homme.
  2. Paraphrase de la première stance des Upanishads.