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foi, de lui dire : — « Je crois en toi. Ma foi t’engage. » Aussi, quand Assia, troublée, brusque d’autant, et la défiant, tout en quêtant son consentement ou son pardon, vint lui annoncer — ce que, depuis quelques semaines, elle attendait :

— « Je vous reprends ma parole… Non ! Je ne reprends rien, je n’ai rien promis… Il me faut votre fils. Il lui faut moi. Nous nous épousons. »
elle sourit, sans répondre, la fixant dans le noir des yeux. Assia, attendant qu’elle parlât, parlait pour enfoncer la porte de ce silence qui l’inquiétait. Elle disait que leur décision était prise, qu’il n’y avait rien à lui objecter qu’elle ne sût déjà, qu’elle voyait, clair comme le jour, que leur union ne serait pas sans troubles, qu’ils se feraient du mal mutuellement, qu’elle lui ferait du mal… « Oui, c’est possible. C’est même certain. Mais elle ne pouvait plus autrement ! C’était écrit… » (La fatalité intervenait toujours chez elle, en dernier ressort, quand la volonté de résistance personnelle avait épuisé toute sa violence). « Et maintenant, elle venait l’annoncer à Annette, elle la laissait libre d’y faire obstacle, parce qu’elle savait que Annette n’avait plus aucun pouvoir de le faire… »

— « Et à la fin, pourquoi ne parlez-vous pas ? Vous vous taisez, vous me regardez, allons ! Dites un mot !… »

— « Après tout ce que vous venez de me dire, qu’avez-vous besoin que je parle ? Il vous faut Marc. Il vous faut à Marc. Qu’est-ce qu’il vous faut encore ? »

— « Il me faut vous. Que vous disiez : oui ! »

— « Si je vous disais non, vous n’en tiendriez aucun compte. Vous n’avez pas pris la peine de me le déguiser. Le « non » ne ferait que vous enferrer davantage sur l’hameçon. Vous avez avalé l’hameçon. Plus rien à faire, mes pauvres goujons ! Il ne vous reste plus qu’à digérer l’amorce. Elle est faite autant de ce qui vous sépare que de ce qui vous rassemble, — de vos