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Annette l’avait étendue sur son lit. Elle couvrit de son manteau les jambes nues de Assia, qui grelottait. Elle lui disait :

— « Vous avez pris froid… »

— « Non, ce n’est pas de froid, dit Assia. Laissez, moi, je vous en prie, ainsi, près de vous, encore un moment ! »

— « Alors, entrez dans le lit. »

Assia lui tenait les mains. Annette s’assit près d’elle :

— « Écoutez-moi ! Je pars aujourd’hui. L’homme, le maître, l’ami, dont j’étais l’aide, vient de disparaître subitement. Je rejoins mon poste que j’ai déserté. Je serai absente, quelques semaines. Je vous laisse Marc. Je vous laisse à Marc. Veillez tous deux !… Vous me comprenez bien, ma fille ? Vous ne vous méprenez pas ? Je vous dis : veillez, restez ensemble, mais attendez avant de vous enchaîner. Défendez, l’un et l’autre, votre liberté mutuelle ! Vous, défendez la sienne, si seul il n’y suffit pas ! Observez-vous loyalement. Il faudra bien du temps, avant que vous puissiez voir, non pas au fond de l’autre, mais au fond de vous. Prenez ce temps ! Soyez francs !… »

— « Je le suis et le serai, dit Assia. Je vous comprends. Je ne me suis pas méprise… Vous qui savez aimer, vous devez bien penser que, puisque je l’aime, je crains, en me trompant, de le tromper… Mais s’il