Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/337

Cette page n’a pas encore été corrigée

— « Soit ! Le déménagement ne sera pas long. Il n’y a à changer que les draps. »

— « À quoi bon changer ? dit Assia. Ceux-ci, ou ceux-là… Nous n’en sommes plus à ces délicatesses. »

Dans sa rage froide, Marc lui en sut gré. Il était déjà rentré dans l’autre chambre. Puis, il réfléchit que cette indifférence était, dans sa froideur, encore plus insultante. Et il tourna le dos à l’assistance.

Annette, souriant aux deux boudeurs, dit à Assia, toujours adossée au mur, le museau froncé :

— « Ma fille, nous avons indignement abusé de votre hospitalité. Pardonnez-nous ! Jamais je ne pourrai vous aimer assez, pour tout ce que vous avez fait pour mon fils. »

Assia gronda :

— « Je n’ai rien fait. »

(Elle avait été touchée au cœur par cette voix, — par deux mots).

— « Vous l’avez sauvé », dit Annette.

Elle lui tendit les bras. Assia s’y jeta, le front en avant, qui s’enfouit contre le sein de la mère. Impossible de soulever ce front obstiné. Annette n’avait que les cheveux à baiser.

— « Maintenant, dit-elle, convenons de nos arrangements ! À présent que ce grand garçon est capable de sortir, je pense qu’il est mieux de lui chercher un autre logement, plus salubre. »

— « C’est mon avis », dit Assia.

Marc grogna :

— « On a le temps ! »

— « Pourquoi attendre ? » dit Assia, les lèvres pincées.

Marc, furieux, s’aperçut qu’elle lui rétorquait les mots mêmes qu’il lui avait dits.

— « Très bien ! fit-il. Alors, demain. »

— « Laisse-moi le temps de trouver ! » dit Annette

— « C’est tout trouvé, dit Assia. Je vous indique-