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— « J’ai le droit que je prends. Il fallait bien qu’après cette nuit, je reprenne sur toi l’avantage… Je l’ai repris. Je m’en suis donné, cette après-midi !… Je te l’avais dit : « Je te lessiverai »… Je t’ai lessivé… Petit saligaud !… »

Marc s’enfuyait de la chambre, suffoqué de honte. Ruche envoya promener l’ouvrage qu’elle faisait, rattrapa Marc par le bras, le ramena :

— « Mon cher petit gosse… Je t’aime mieux, ainsi… »

Marc continuait de détourner la tête. Ruche la lui prit au menton, la fit tourner sur son pivot :

— « Gros bêta !.. On est frères, — frères de misères… »

— « Frères cochons », fit Marc, grognant, riant, touché.

— « Qu’est-ce qu’il y a de mieux ? »

Il l’aida à ramasser le linge. Le jour tombait. Il fallait allumer.

— « Assez pour aujourd’hui ! dit Ruche. Il y en aura bien encore pour une après-midi. Je reviendra demain. »

— « Comment ! fit-il, tu pars ? »

— « Naturellement. Je rentre chez moi. »

Elle vit son regret.

— « Oui, mon ami. On ne risque pas deux fois la belle aventure de cette nuit. »

Il avait l’air penaud. Elle rit.

— « Tu ne trouves pas ? Quand ç’a été, pour une fois, par impossible, si réussi, ce serait tenter le diable que de recommencer. »

— « Le diable ne demanderait pas mieux que d’être tenté. »

— « Parbleu !.. Et la diablesse ! »

— « Alors ?… »

— « Alors, non. »

— « Tu as raison. Ce qu’on a eu, c’est trop bon. »