quelque liaison et qu’il ne voulait pas le lui expliquer ; et s’effaçant, elle lui dit :
— « Si tu as quelque ami que tu aurais plaisir à emmener au concert avec toi, prends, mon petit ! Moi, j’irai une autre fois. »
Il lui arracha des mains les billets, il les froissa, et il les jeta dans le ruisseau. D’une voix sifflante, qui s’efforçait de ne pas crier, il lui souffla au visage :
— « Je ne veux rien de toi ! »
Annette en resta, le sourire figé, le cœur glacé. Il ne lui laissa pas le temps de parler :
— « Rien de ce qui vient de ce gredin, dont tu manges le pain, cet assassin… »
Elle fit un geste pour se défendre :
— « Mon petit, ne juge pas avant d’entendre !… Le pain que je mange est bien gagné… »
Elle lui prenait le bras, affectueusement. Il se dégagea avec violence :
— « Ne me touche pas ! »
Elle le regarda. Il avait un tremblement convulsif.
— « Tu es fou, mon petit… »
Il cria — (il grondait, comme un chien furieux, le mufle avancé vers la bouche de la femme, pour que les passants n’entendissent pas) :
— « Il y a du sang sur tes mains. »
Il tourna le dos, et il s’éloigna, à grands pas. Annette restait plantée à la place où il l’avait laissée, les bras pendants, et elle le voyait s’éloigner. Dans sa stupeur, son regard clair scrutait cette explosion de haine, et il y démêlait des éléments de « fas atque nefas…)) Une jalousie inavouée… Elle comprenait mal son apostrophe de mélo. Elle regarda ses mains de dactylo. C’était de l’encre, et non du sang qu’il y avait au bout des doigts. Elle n’avait pas vu le sang du mort, qui était encore sous les ongles de Marc… Elle sourit tristement, haussa l’épaule, et s’en retourna…