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la Révolution Prolétarienne, au secret du cœur, il n’était pas sans voir, avec une satisfaction cruelle, ces masses serrées, profondes, organisées, de l’URSS qui se rassemblaient, avant de monter à l’assaut ; et il leur criait, enroué, du fond des bois : — « Vas-y ! Au ventre ! » — Mais ce n’était que le sursaut furieux d’un instant. Il ne pouvait pas ! Il était contre eux. Il ne voulait pas les comprendre — quoiqu’il en fût capable. Il était des rares de son espèce qui auraient pu leur rendre justice. S’il était né de leur côté, il eût pu faire un de leurs chefs. Peut-être la pensée l’en avait effleuré. Mais les chances de la vie en avaient disposé autrement, et le coup avait été raté, en naissant. N’en parlons plus ! Il jouait un autre jeu. Quel que soit le jeu, il faut le jouer à fond.

Le faisait-il ? — C’était toute la question. Avec sa plasticité de sympathie, Annette avait accepté, comme un postulat, le point de vue de Timon pour le juger. Elle ne songeait pas à lui opposer, pour le moment, d’autres conceptions sociales : à supposer que Timon le lui permît, elle n’en avait pas alors d’assez fermes, d’assez sûres, en ces sujets d’Économique universelle, où son individualisme à larges ailes, mais à ciel restreint, n’avait guère eu occasion de s’aventurer. Elle connaissait bien le centre du cercle — le moi profond — mais assez mal la circonférence. Timon lui élargissait les horizons ; et si peu rassurant qu’en fût le spectacle, sa curiosité d’esprit, avide, ardente, s’y lançait comme une hirondelle. Elle n’avait pas de vieux monde à défendre. Pas de vieux clocher avec son nid. Seulement ses ailes et l’air libre. (Et il y avait bien aussi l’hirondeau : Marc. Mais il était de ses plumes, il ferait comme elle)… Donc, pour l’instant, elle n’était occupée qu"à regarder. Et elle en avait, plein le regard. Quels duels de forces ! Quel bestiaire ! Et l’on se plaignait de l’ennui des temps ! Tas de benêts ! La riche époque !… Oui, elle