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Elle était rentrée à Paris. Elle arriva avant le télégramme qui l’annonçait et qui s’égara dans une loge de concierge : Marc avait changé plusieurs fois sa tente de place ; et Annette n’avait point reçu, avant le départ, la dernière adresse. Elle eut quelque peine à la trouver. Sylvie, à qui elle la demanda, ne la connaissait point. Annette ne cacha pas son mécontentement de l’indifférence de sa sœur. Sylvie, qui savait mieux ce qu’il en était, dit qu’elle n’était pas une bonne d’enfants. Elle avait d’autres martels en tête ! Annette, après l’avoir quittée brusquement, songea qu’elle avait bien changé : le visage gonflé, avec des poches sous les yeux, l’air alourdie, congestionnée. Et elle se reprocha de ne lui avoir même pas, dans son impatience, demandé des nouvelles de sa santé. Sylvie ne se sentait pas non plus sans reproches.

Ce fut Sainte-Luce qui mit Annette sur la piste. Mais, bon camarade, il ne lui dit pas que Marc était, pour l’instant, chasseur dans une boite de nuit. Il connaissait l’amour-propre de son camarade ; il le prévint. Annette attendit son fils, toute la nuit, sans se coucher, dans sa chambre d’hôtel. Marc vint, à l’aube, frapper à la porte. Il avait autant de hâte qu’elle de la revoir. Mais quand ils se virent, il n’y eut aucun épanchement. Au premier contact, ils sentirent entre eux un froid. Ils ne se retrouvaient plus tels qu’ils s’étaient quittés. Tous les deux avaient subi