— « Ça me plaît en toi : tu es trop fier, pour ne point croire que tu fais honneur à la nécessité, quelle qu’elle soit, en l’acceptant. Tu ne lui fais pas la petite bouche. »
— « Je ne la fais plus. »
— « Oui, tu as changé depuis six mois. La bouche grande te va mieux. »
— « La tienne non plus n’est pas petite. »
— « Telle bouche, telle souche… On est tous les deux du bon bois, dont on fait flèche… »
— « Mais qu’est-ce qu’elle vise, la flèche ? »
— « Oui, j’ai bien craint, l’an dernier, que la tienne ne dépassât point la cible du dessous de la ceinture. »
— « Tu me fais rougir… Tu as donc les yeux partout ? … Comment tu as su ?… »
— « Tu avais l’air pris à la glu. »
— « Je me suis détaché. »
— « Que tu l’aies pu, ce n’est pas peu. Je t’ai estimé, depuis ce jour. »
— « Est-ce que tu ne pouvais pas me le dire ? »
— a A quoi ça sert ? »
— « Ça peut aider, aux jours où soi, on ne s’estime pas. »
— « Il y a six mois, ça n’eût pas compté pour toi. »
— « Eh bien, ça compte aujourd’hui. »
— « Pauvre gosse ! Faut-il qu’il soit démuni ! »
— « Ne me dis pas cela, juste au moment où je commence à faire ma pelote ! »
— « Et je suis, sans doute, la première épingle ?.. À ton prochain million !… En attendant, accepterais-tu, pour juste le temps de te débrouiller, de servir dans un restaurant d’étudiants ? »
Marc avala sa salive et dit bravement :
— « Oui, si tu y viens quelquefois prendre ton dîner. »
— « Pourquoi ? »