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bien veiller, à distance, sur son jeune ami, et de le distraire de son deuil, qu’elle lui avait confié. Elle n’en parla point à Franz, qui montrait peu de bonne grâce à rencontrer les deux femmes. Il eût suffi qu’elle lui exprimât son désir qu’il liât société avec elles, pour qu’il s’y refusât ; car il lui en voulait de partir, et il n’eût point supporté qu’elle se cherchât des suppléantes et qu’elle les lui imposât.

Jusqu’à l’heure du départ, il espéra qu’elle resterait. Il perdit le dernier jour en bouderies, que secouaient d’impérieuses instances.

Aennchen, tu ne pars pas ?… Dis, n’est-ce pas, tu ne pars pas ?,.. Je t’en prie… Je le veux…

— Mais, mon petit, disait Annette, et les miens qui m’attendent ?

— Qu’ils attendent !… « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras… » Le premier tien, c’est moi ! Inutile de tenter de le convaincre ! Il était comme un enfant qui répète : « J’ai soif ! » et ne vous écoute pas.

Quand il vit que la décision d’Annette était irrévocable, il s’enferma dans sa chambre, et il ne desserra plus les dents. Il ne répondait plus aux questions. Il la laissa seule faire sa malle,