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ses arpèges, il garde, préoccupé, dans un coin de son cerveau, l’image du jeune garçon : il la connaît déjà ; il cherche où il l’a vu ; mais dans l’emportement de sa période équilibrée, il ne peut s’arrêter pour suivre les traces du souvenir.

Il termine sur un puissant accord, que répercutent cent fois les clameurs de la salle. On est debout, on crie, on acclame, on se rue vers l’estrade, pour serrer les mains du grand citoyen. On est rouge d’émotion, on s’interpelle, on rit, et il y a des larmes dans les yeux. Brissot, heureux, détendu, jette un regard de côté vers le récalcitrant :

— Se déclare-t-il vaincu ?…

La place est vide. Marc a disparu.

Il n’a pu supporter jusqu’au bout la puanteur de l’éloquence. Il est parti brusquement. Mais il se trouve encore à la porte de la salle, quand se déchaîne le tonnerre des applaudissements. Il se retourne, la lèvre retroussée de dédain. Il contemple, un instant, cette salle en délire et le triomphateur. Il sort, et dans la rue il orache de dégoût. Il parle tout haut. Il fait le serment :

— Je jure, foule ignoble, de ne mériter jamais tes applaudissements !