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elle apprit qu’Annette était arrivée : (il lui avait jalousement caché le télégramme, afin d’avoir, le premier jour, sa mère toute à lui). Mais Annette dormait encore, et Marc défendit l’accès de la chambre, comme un dragon. Au bruit de la dispute, Annette s’éveilla, et Sylvie entra. Elle avait beaucoup à dire ; mais elle aussi, du premier regard, vit que bien des pluies et des vents avaient troublé sa Rivière ; et sage, comme toujours, lorsqu’il s’agissait du bien de ceux qu’elle aimait, elle ne parla de rien que de ce qui pouvait la distraire : l’expérience de la vie lui avait appris que le premier remède, lorsqu’une âme est troublée, est de n’y point toucher, afin que de soi-même, peu à peu, le sable se dépose au fond. Elle plaisanta Annette sur son sommeil qui l’avait empêchée d’entendre les explosions de la nuit ; et elle bougonna contre Marc, ce petit animal, qui s’était obstiné, depuis le départ d’Annette, à coucher dans l’appartement de sa mère, au lieu de loger chez elle. Elle affectait de lui prêter des intentions d’escapades nocturnes. Mais il se mit en colère, il dit qu’il lui avait donné sa parole d’être sage, et qu’il n’admettait pas qu’on en doutât : s’il voulait s’amuser, contre le gré de Sylvie, il