Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, je ne le crois pas. Mais gain ou perte, tant qu’il me reste, au jeu de la vie, une livre de chair à jouer, je la jouerai.

Germain examina Annette, en souriant :

— Vous n’êtes point d’ici.

— Et d’où donc, sinon de France ?

— Quelle province ?

— Bourguignonne.

— Il y a du vin dans votre sang.

— Il y a du sang dans notre vin.

— Eh bien, j’en lamperai volontiers un verre, de temps en temps. Voulez-vous m’accorder quelquefois, quand vous aurez un trop-plein d’énergie et un peu de patience, un quart d’heure d’entretien ?

Annette promit et revint. L’intimité s’établit.

Et l’on causa de tout — sauf de la guerre. Dès les premières questions, le blessé, d’un geste, avait arrêté Annette. Route interdite. On ne passe pas !…

— Non, ne parlons point d’elle ! Vous ne pouvez pas comprendre.,. Je ne dis pas seulement vous… Vous tous, qui êtes ici… Ici… Là-bas… Deux mondes ; l’en-deça, l’au delà… On ne parle pas la même langue.

— Ne puis-je pas l’apprendre ? dit Annette.

— Non. Même pas vous, avec votre chaleur de