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N’importe ! le vieil instinct atavique continuait de renifler, autour, la présence du Dieu jaloux. Et, tenace, marchandant âprement, elle disait :

— Signons ! Je paye comptant. L’enfant est à moi. Fais ton choix dans le reste !

Comme pour justifier la superstition, l’événement prit Annette au mot. Un matin que tante Victorine était allée chez le notaire, pour toucher une somme, que depuis un certain temps il aurait dû verser, elle revint éplorée. Annette avait le bonheur, ce matin-là, d’être enfin rassurée sur la santé de son fils. Le médecin venait de sortir : il avait, cette fois, annoncé la pleine convalescence. Annette, transportée de joie, mais encore tremblante, n’osait se fier entièrement à ce bonheur nouveau. À cette minute, elle vit la porte qui s’ouvrait et, du premier coup d’œil, la mine défaite de la tante ; son cœur battit, elle pensa :

— Quel autre malheur va entrer ?

La vieille dame pouvait à peine parler. Enfin, elle dit :

— L’étude est fermée. Me Grenu a disparu. Toute la fortune d’Annette était chez lui. Annette fut, un instant, avant de comprendre ; puis… (Explique, si tu peux !)… son visage s’éclaira. Elle était soulagée. Elle pensait :

— Ce n’est que ça !…

Le voilà donc, le malheur qui sauve ! L’Ennemi avait pris sa part…

Après, de sa bêtise elle haussa les épaules. Mais, malgré son ironie, elle continuait de lui dire :

— Est-ce assez ? Es-tu content ? Maintenant, j’ai payé. Je ne te dois plus rien.

Elle souriait… La pauvre humanité, qui s’agrippe à son lopin de bonheur, et qui le voit, sans cesse, sans cesse