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Marc lâcha le bouton de la porte, et revint, anxieux. Annette le regarda, lut sa déception, et dit :

— Je ne sais pas.

— Comment ! Tu ne sais pas ?

Annette dit :

— Les Villard sont partis.

Marc cria :

— Non !

Elle ne sembla pas l’entendre. Marc mit une main impatiente sur les bras de sa mère étendus sur la table, et supplia :

— Ce n’est pas vrai ?

Annette, se réveillant de sa torpeur, se leva et commença de desservir.

— Mais où ? Mais où ? criait Marc, atterré.

— Je ne sais pas, dit Annette.

Elle enleva les couverts, et sortit.

Marc resta, hagard, devant son rêve écroulé. Il ne comprenait pas… Ce départ soudain, sans prévenir… Impossible !… Il fit un mouvement pour suivre sa mère et pour lui arracher une explication… Mais non !.. Il s’arrêta… Non, ce n’était pas vrai ! Il comprenait maintenant… Annette s’était aperçue de son amour. Elle voulait les séparer. Elle mentait, elle mentait ! Noémi n’était point partie… Et il haït sa mère.

Il se glissa hors de l’appartement, il dégringola l’escalier, il alla, il courut, le cœur battant, chez les Villard. Il voulait s’assurer qu’ils n’étaient pas partis. — Et en effet, ils étaient là. Le valet dit que Monsieur venait de sortir ; Madame était fatiguée, elle ne recevait pas. Marc fit demander pourtant qu’on voulût bien lui accorder une minute d’entretien. Le domestique revint : « Madame regrettait, mais c’était impossible. » L’enfant insista fiévreusement : « Il fallait qu’il la vît, seulement un moment, il avait à lui dire des choses tout à fait importantes. .. » En attendant, il disait des choses incohé-