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Marc était guéri. Odette était florissante. Elle avait, toute glorieuse, fait, l’été précédent, sa première communion. (C’était à cette époque où l’Église, comme Joconde, en quête de l’innocence, avait, de son grand nez méfiant, qui humait l’air du temps, jugé qu’il n’en était plus, après l’âge de sept ans). Odette se croyait femme et s’efforçait de le paraître, en modérant son impétuosité de chevreau tenu en laisse ; mais d’une cabriole, le petit cornu vous échappe des mains… Sylvie était heureuse, les affaires allaient bien. Et Annette, qui trouvait au foyer de sa sœur un aliment au besoin d’affection que l’âge et l’épreuve avaient un peu assagi, semblait avoir atteint une zone apaisée. Tout était confiant.

Une chaude après-midi… entre trois et quatre heures, fin d’octobre… un de ces jours radieux, où la lumière sans voiles semble, ainsi que les arbres dévêtus, toute nue. Les fenêtres étaient ouvertes pour laisser entrer les rayons du soleil d’automne, qui sont doux et dorés comme ceux du miel. C’était le lendemain l’anniversaire des huit ans d’Odette. Annette était chez Sylvie. Dans la chambre sur la cour, elles regardaient ensemble et tâtaient des étoffes, bavardes et occupées gravement de leur examen. Odette était, de l’autre côté du couloir, dans la chambre du fond qui donnait sur la rue. Tout à l’heure, la curieuse était venue fourrer son nez par la porte entre-bâillée, pour voir ce qu’on faisait. On l’avait renvoyée, en prenant la voix grondeuse, terminer un petit travail, avant de goûter ensemble. Marc était au