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Il était près de sa septième année. Il avait subi le changement de milieu, bien plus aisément qu’on n’eût imaginé. Désagréable ou non, c’était un changement. Lui-même alors muait, comme un petit serpent… Ingrate enfance ! Toutes les gâteries de Sylvie et toutes ses cajoleries — (elle était si certaine de son pouvoir sur lui !) — il s’en passa parfaitement. Après quarante-huit heures, il n’y pensait même plus.

Ce n’est jamais ce qu’on croit qui plaît ou déplaît à l’enfant. Marc apprécia d’abord, dans sa vie nouvelle, le lycée, où sa mère l’envoyait en le plaignant, — et les heures de solitude, où personne ne pouvait s’occuper de lui.

Annette s’était installée dans un petit cinquième, sur la populeuse rue Monge. Escalier raide, logement exigu, bruit au dehors ; mais de l’espace par-dessus les toits : ce lui était nécessaire ; le bruit ne la gênait pas : elle était Parisienne, habituée au mouvement, elle en avait presque besoin ; et elle rêvait d’autant mieux, en plein tohu-bohu. Peut-être sa nature s’était-elle aussi transformée, avec la maturité ; la plénitude de vie physique et le travail régulier lui avaient donné un aplomb, une solidité nerveuse, qu’elle n’avait pas toujours connus et qui ne dureraient pas toujours.

Le logement se composait, sur la rue, de la chambre d’Annette, qui servait de salon (le lit formait divan), de la petite chambre de Marc, et d’un étroit réduit, en retrait d’angle, avançant entre deux rues. De l’autre côté du couloir, obscur en plein midi, la salle à manger