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66 L'AME ENCHANTÉE

— Ce soir, alors. Viens me chercher, vers six heures, à la porte de l’atelier.

Annette se troubla :

— Mais est-ce que nous serons seules ?

Elle s’inquiétait de l’idée qu’elle pourrait rencontrer « l’autre ».

Sylvie lut en elle :

— Oui, oui, on sera seules, dit-elle, indulgente, avec une pointe d’ironie. Elle expliqua tranquillement que l’ami était allé passer deux ou trois jours en province, dans sa famille. Annette avait rougi que Sylvie l’eût devinée. Elle ne se souvenait plus que, la veille, le matin, elle était résolue à lui marquer sa désapprobation morale. En fait de morale, elle ne vit plus qu’une chose : « Ce soir, il ne serait pas là ».

— Quel bonheur ! ou pourra passer toute la soirée ensemble.

Elle le dit, en tapant des mains. Sylvie balança son pied, comme si elle allait danser, grimaça de plaisir, dit :

— Tout le monde est content.

prit un air distingué, parce qu’un monsieur venait d’entrer, dit :

— Au revoir, ma chère,

et fila comme un trait.

Elles se retrouvèrent, quelques heures plus