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Malgré la distance, et bien que certaines rues, à cette heure tardive, ne fussent pas très sûres, elle revint à pied. Elle aurait bien dansé. Rentrée enfin chez elle, heureuse et harassée, elle ne se coucha pas avant d’avoir placé les fleurs dans un vase, près de son lit. Et elle se releva pour les en retirer, et — comme chez Sylvie — les mettre dans son pot à eau. Recouchée, elle gardait sa lampe allumée, car elle ne voulait pas se séparer de cette journée. Mais elle se retrouva, soudain, trois heures après, au milieu de la nuit. Les fleurs étaient bien là. Elle n’avait pas rêvé, elle avait vu Sylvie… Elle se rendormit, sur le sein de l’image chérie.

Les journées qui suivirent furent remplies par un bourdonnement d’abeilles, édifiant une ruche nouvelle. Tel, autour d’une jeune reine, un essaim qui se groupe. Autour de Sylvie aimée, Annette bâtissait un nouvel avenir. La vieille ruche était désertée. Sa reine était bien morte. S’efforçant de masquer cette révolution de palais, le cœur passionné feignait de croire