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270 L'AME ENCHANTEE

pitié et d’amour. Son énergie se fondait. Elle voulait se raidir, mais elle ne pouvait résister à ces pleurs. Elle ne pensait plus à elle ; elle ne pensait plus qu’à lui. Elle caressait cette chère tête appuyée contre ses jambes, elle lui disait des mots tendres. Elle releva son grand garçon désolé, elle lui essuya les yeux avec son mouchoir, elle le reprit par le bras, elle le força à marcher. Il était si prostré qu’il se laissait faire et ne savait que pleurer. Les branches d’arbres, au passage, leur fouettaient le visage. Ils allaient dans les bois, sans voir, sans savoir où. Annette sentait monter l’émotion et l’amour. Elle disait, en soutenant Roger :

— Ne pleurez pas !… mon chéri… mon petit.. Cela me déchire… Je ne peux pas le supporter… Ne pleure pas !… Je vous aime… Je t’aime, mon pauvre petit Roger…

Il disait

— Non… ! au milieu de ses pleurs.

— Si ! je t’aime, je t’aime, mille fois plus que tu ne m’as jamais aimée… Que veux-tu que je fasse ?… Ah ! je ferais… Roger, mon Roger… Et voici qu’en marchant, à la sortie du bois, ils se trouvèrent à la clôture de la propriété des Rivière, près de la vieille maison. Annette reconnut… Elle regarda Roger… Et soudain, la passion envahit tous ses membres. Un vent