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Elle se décida enfin à s’ouvrir de ses inquiétudes à Sylvie. Jamais elle ne lui avait dit un mot de son amour pour Roger. Pourtant, elle lui confiait tout : de tous les autres jeunes hommes, elle lui parlait souvent… Oui, mais les autres jeunes hommes, elle ne les aimait pas ! Et le nom de Roger avait été tenu de côté.

Sylvie s’exclama, l’appela : « Cachottière ! » et elle rit follement quand Annette essaya de lui expliquer son indécision, ses scrupules, ses tourments.

— Enfin, demanda-t-elle, ton oiseau, il est beau ?

— Oui, répondit Annette.

— Il t’aime ?

— Oui.

— Et tu l’aimes ?

— Je l’aime.

— Eh bien, alors, qu’est-ce qui peut t’arrêter ?

— Ah ! c’est si difficile ! Comment est-ce que je peux dire ?… Je l’aime… Je l’aime beaucoup… Il est si ravissant !…

(Elle commença à le décrire complaisamment, sous les yeux railleurs de Sylvie. Elle s’interrompit…)

— Je l’aime beaucoup… beaucoup… Et aussi, je ne l’aime pas… Il y a des choses en lui… Je ne pourrai pas vivre avec… Je ne pourrai