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126 L'AME ENCHANTÉE

Mais Sylvie insistait :

— Ne mens pas ! Dis-moi vrai. Dis ! Dis à ta petite ! C’est à cause de lui ?

Annette, s’essuyant les yeux et s’efforçant de sourire, dit :

— Non, je t’assure… J’avais un peu de peine, c’est vrai… C’est bête… Mais c’est fini maintenant. Je suis heureuse qu’il t’aime.

Sylvie bondit sur place, frappa ses mains avec colère :

— Ainsi, c’était bien lui !… Ah ! mais, je ne l’aime pas, je ne l’aime pas, cet individu !…

— Si ! tu l’aimes…

— Non ! non ! non !

Sylvie trépignait sur la route.

— Cela m’amusait de l’aimer, je faisais cela pour jouer, mais ce n’est rien pour moi, rien, à côté de toi… Ah ! tous les baisers d’un homme ne compensent pas pour moi une larme de toi…

Annette fut bouleversée de bonheur :

— C’est vrai ? c’est vrai ?

Sylvie lui sauta dans les bras.

Quand elles furent un peu calmées, Sylvie dit à Annette :

— Maintenant, avoue ! tu l’aimais, toi aussi ! — Aussi ? Ah ! tu vois bien ! tu as dit que tu l’aimais !…

— Non, je te dis, je te défends… je ne peux plus en entendre parler. C’est fini, c’est fini.