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LA FIN DU VOYAGE

splendeur de l’instinct maternel, — plus mère que la vraie mère. Et il regardait la tendre figure fatiguée de Mme  Arnaud. Il y lisait, comme en un livre émouvant, les douceurs et les souffrances cachées de cette vie d’épouse, qui, sans que l’on en soupçonne rien, est aussi riche parfois en douleurs et en joies que l’amour de Juliette ou d’Ysolde. Mais avec plus de grandeur religieuse…

Socia rei humanæ atque divinæ…

Et il pensait que, pas plus que la foi ou le manque de foi, ce ne sont les enfants ou le manque d’enfants qui font le bonheur ou le malheur de celles qui se marient et de celles qui ne se marient pas. Le bonheur est le parfum de l’âme, l’harmonie qui chante au fond du cœur. Et la plus belle des musiques de l’âme, c’est la bonté.

Olivier entra. Ses mouvements étaient calmes ; une sérénité nouvelle l’éclairait. Il sourit à l’enfant, serra la main à Cécile et à Mme  Arnaud, et se mit à causer tranquillement. Ils l’observaient avec un étonnement affectueux. Il n’était plus le même. Dans l’isolement où il s’était enfermé avec son chagrin, comme la chenille dans le nid qu’elle s’est filé, après un dur travail il avait réussi à dépouil-