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LA FIN DU VOYAGE

dans le même élan de bonheur, et il la baisa.

— Ah ! dit-elle, je suis heureuse que vous soyez venu ! Je craignais tant de partir, sans vous avoir revu !

— Partir, vous allez partir !

L’ombre, de nouveau, retomba sur lui.

— Vous le voyez, dit-elle en montrant le désordre de la chambre ; à la fin de la semaine, nous aurons quitté Paris.

— Pour longtemps ?

Elle fit un geste :

— Qui le sait ?

Il fit un effort pour parler. Sa gorge était contractée.

— Où allez-vous ?

— Aux États-Unis. Mon mari y est nommé premier secrétaire d’ambassade.

— Et ainsi, ainsi, fit-il… (Ses lèvres tremblaient)… c’est fini ?

— Mon ami ! dit-elle, émue de son accent… Non, ce n’est pas fini.

— Je vous ai retrouvée seulement pour vous perdre !

Il avait les larmes aux yeux.

— Mon ami, répéta-t-elle.

Il mit la main sur ses yeux, et se détourna, pour cacher son émotion.