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LA FIN DU VOYAGE

causer un peu avec vous. J’ai pensé à vous quelquefois, depuis notre rencontre.

Elle s’installa.

— Un instant seulement. Je ne vous dérangerai pas longtemps.

Il commençait de lui parler. Elle dit :

— Une minute, voulez-vous ?

Ils se turent. Puis, elle dit en souriant :

— Je n’en pouvais plus. Maintenant, cela va mieux.

Il voulut l’interroger.

— Non, dit-elle, pas cela !

Elle regarda autour d’elle, vit et jugea divers objets, aperçut la photographie de Louisa :

— C’est la maman ? dit-elle.

— Oui.

Elle la prit, et la regarda avec sympathie.

— La bonne vieille ! dit-elle. Vous avez de la chance !

— Hélas ! elle est morte.

— Cela ne fait rien, vous l’avez eue tout de même.

— Eh bien, et vous ?

Mais elle écarta ce sujet, d’un froncement de sourcils. Elle ne voulait pas qu’il la questionnât sur elle.

— Non, parlez-moi de vous. Racontez-moi… Quelque chose de votre vie…