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Pour sortir de soi, il se mit à fréquenter le théâtre, qu’il avait négligé depuis longtemps. Le théâtre lui semblait d’ailleurs une école intéressante pour le musicien qui veut observer et noter les accents des passions.

Ce n’était pas qu’il eût plus de sympathie pour les pièces françaises qu’au début de son séjour à Paris. En dehors du peu de goût qu’il avait pour leurs éternels sujets, fades et brutaux, de psycho-physiologie amoureuse, la langue théâtrale des Français lui semblait archifausse, surtout dans le drame poétique. Ni leur prose, ni leurs vers n’étaient conformes à la langue vivante du peuple, à son génie. La prose était une langue fabriquée, de chroniqueur mondain chez les meilleurs, de feuilletoniste vulgaire chez les pires. La poésie donnait raison à la boutade de Goethe :

« La poésie est bonne pour ceux qui n’ont rien à dire. »

Elle était une prose prolixe et contournée ; la profusion d’images qui y étaient maladroi-

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