— Mais pas du tout ! protestaient-ils. Ce sont nos critiques qui se permettent de parler en notre nom. Comme ils suivent toujours la mode, ils prétendent aussi que nous la suivions. Mais nous ne nous inquiétons pas plus d’eux qu’ils ne s’inquiètent de nous. Voilà de plaisants animaux qui veulent nous apprendre ce qui est, ou n’est pas français ! À nous, Français de vieille France !… Ils viennent nous dire que notre France est dans Rameau, — ou dans Racine, — et pas autre part ! Comme si nous ne savions pas, — (des milliers d’entre nous, en province, à Paris) — combien de fois Beethoven, Mozart et Gluck sont venus s’asseoir à notre foyer, ont veillé avec nous au chevet de nos aimés, ont partagé nos peines, ont ranimé nos espoirs, sont devenus de notre famille ! Si l’on osait dire ce qu’on pense, ce serait bien plutôt tel artiste français, prôné par nos critiques parisiens, qui serait pour nous un étranger.
— La vérité, dit Olivier, c’est que s’il y a des frontières en art, ce sont moins des barrières de races que des barrières de classes. Je ne sais pas s’il y a un art français et un art allemand ; mais il y a un art des riches, et un art de ceux qui ne le sont pas. Gluck est un grand bourgeois, il est de notre classe. Tel artiste français, que je m’abstiendrai de nommer, n’en est point : bien qu’il soit né bourgeois, il a honte de nous, il nous renie ; et nous, nous le renions.
Olivier disait vrai. Plus Christophe apprenait à