Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

163
DANS LA MAISON

des abeilles. Christophe oubliait pourquoi il était venu. Barth, vidant la bouteille, dit, après un silence :

— Je vois ce que je vais faire.

Il but, et continua :

— J’aurai encore le temps : j’irai à Versailles, après.

On entendait Goujart marchander aigrement avec la patronne le prix du terrain pour le combat. Jullien n’avait pas perdu son temps : en passant près des bicyclistes, il s’était extasié bruyamment sur les jambes nues de la femme ; et il s’en était suivi un déluge d’apostrophes ordurières, où Jullien n’était pas en reste. Barth dit à mi-voix :

— Les Français sont ignobles. Frère, je bois à ta victoire.

Il choqua son verre contre le verre de Christophe. Christophe rêvait ; des bribes de musique passaient dans son cerveau, avec le ronflement harmonieux des insectes. Il avait envie de dormir.

Les roues d’une autre voiture firent grésiller le sable de l’allée. Christophe aperçut la figure pâle de Lucien Lévy-Cœur, souriant comme toujours ; et sa colère se réveilla. Il se leva, et Barth le suivit.

Lévy-Cœur, le cou serré dans une haute cravate, était mis avec une recherche qui faisait contraste avec la négligence de son adversaire.