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ANTOINETTE

vers l’ami inconnu. Jamais elle ne lui avait confié qu’elle avait déjà vu Christophe. Quelques lignes de sa lettre lui révélaient qu’ils s’étaient rencontrés naguère en Allemagne. Il comprenait que Christophe avait été bon pour Antoinette, dans une circonstance dont il ne savait point les détails, et que de là datait le sentiment d’Antoinette, dont elle avait gardé le secret jusqu’à la fin.

Christophe, qu’il aimait déjà pour la beauté de son art, lui devint sur-le-champ indiciblement cher. Elle l’avait aimé : il semblait à Olivier que c’était elle encore qu’il aimait en Christophe. Il fit tout pour se rapprocher de lui. Ce ne fut pas chose facile de retrouver ses traces. Christophe avait disparu, après son échec, dans l’immense Paris ; il s’était retiré de tous, et nul ne s’occupait plus de lui. — Après des mois, le hasard fit qu’Olivier rencontra dans la rue Christophe, blême et creusé par la maladie dont il sortait à peine. Mais il n’eut